
Accueil à la gare de Lourdes et transfert (45min) au parking de Tournaboup (1464m) à Barèges. Après avoir quitté le parking et le départ de la station de ski alpin du Grand Tourmalet, vous découvrirez la montagne sauvage et, avec un peu de chance, les premiers troupeaux de vaches, pacageant paisiblement dans l'herbe rase, près du torrent. Ce gave (c'est le nom que l'on donne aux rivières des Pyrénées centrales) sera le fil d'Ariane de la journée. Il vous charmera par la diversité esthétique de ces méandres, l'activité incessante de ses cascades, et les éclats lumineux du soleil à la surface de l'eau, dans cet univers de pelouses, de bois de résineux et d'éboulis granitiques.
Au-dessus de vous, les Pics de Madamète (2657m), de Gourguet (2619m), d'Aygues-Cluses (2620m) étireront leurs hautes silhouettes en signe de bienvenue. Vous aurez des difficultés à choisir un lieu de pique-nique, tant tout est beau ; mais nos recommandations vous y aideront.
Le soir, chaleureusement accueillis, vous bénéficierez des nouvelles installations du refuge d'Aygues-Cluses (2135m), posé au milieu d'un immense cirque qui offre une merveilleuse vue à 360°.
15mn après le refuge, vous croiserez le premier des très nombreux lacs qui égraineront votre parcours (lac d'Agalops). Une montée rapide dans un vallon maillé de pelouses éparses et d'éboulis rocheux, et vous arriverez à la Hourquette Nère (2465m). Vous sentirez alors comme une évidence que vous entrez enfin dans l'univers lacustre du Néouvielle : à vos pieds, le lac Nère (Noir, en occitan, sombre car profond), puis le chapelet miroitant des laquets de Port-Bielh ; à votre gauche, le lac de Port Bielh. Au-dessus de vous, légèrement à droite et au loin, les Pics de la Maladeta et de l'Aneto imposeront leur masse souveraine. Et partout, le maillage complexe des pelouses, des canopées de pins, des éboulis rocheux. Après avoir atteint puis longé le lac de Port-Bielh, vous gravirez la courte mais rude montée vers la Hourquette de Caderolles (2495m). De là-haut, s'offrira à nouveau à vos yeux ébahis une réplique du panorama de la Hourquette Nère : enfilade de lacs (lac de la Hourquette, lac Arrédoun et leurs satellites). Au loin, la plaine semblera flotter comme un mirage, un lointain souvenir déjà.
Après le pique-nique au lac de la Hourquette (les pieds dans l'eau?), ce sera la lente descente vers le refuge de Campana de Cloutou (2225m). La gentillesse des gardiens, la beauté et la fonctionnalité du bâtiment, ainsi que la quiétude du site vous charmeront durablement.
Le début de la randonnée se fait dans le sens inverse de la veille (GR10). Arrivé au lac de la Hourquette, vous pénètrerez en terra incognita. Le GR10 grimpe dans les pelouses et les éboulis. Pensez à scruter les pentes sous le Pic de Portarras, car vous aurez peut-être la chance d'observer un ou des isards! Depuis le col de Bastanet (2509m), votre vue portera loin sur les lacs de Bastan. Leurs miroirs scintillants se détacheront avec une parfaite netteté dans les vagues d'éboulis qui coulent des sommets du Bastanet (2715m) et du Portarras (2697m). Après la plongée sous le col de Bastanet, et la traversée du court chaos, vous atteindrez le lac Supérieur et les vastes champs de pelouses d'altitude. Ici, la nature est moins austère, plus accueillante avec ses prairies et bosquets de pins à crochets. N'hésitez pas à faire halte au refuge de Bastan. L'accueil est agréable, le lieu charmant. Et que dire du point de vue depuis la terrasse ouest? Qu'il est magique. Somptueux. Parfait.
Ce lieu vous donnera peut-être envie de pique-niquer. Si vous cherchez un peu de solitude, nous saurons vous recommander un lieu délicieux entre pins, lacs et rhododendrons. L'ambiance y est inoubliable. Puis la descente vous amènera au lac Inférieur, dont vous pourrez admirer la sombre profondeur. Quelques lacets dans les pelouses et le bord d'une pinède et vous surplomberez le long lac de l'Oule. Vous serez alors quasiment arrivé. Une piste à plat sera l'occasion de délasser vos jambes jusqu'au refuge de l'Oule (1820m).
Au petit matin, vous bénéficierez de la symphonie musicale de la forêt ; profitez bien de la quiétude du moment. S'en suit la montée pour le vallon d'Estibère par une pente soutenue, dans une végétation dense. Mais vos efforts seront totalement récompensés par la découverte d'un vallon qui fut jadis réserve intégrale, c'est-à-dire que toute présence humaine en était bannie. Il en a gardé des airs de Jardin d’Éden, une atmosphère de début du monde, une grâce exceptionnelle qu'on ne prête qu'au Paradis. Les pins semblent vieux de milliers d'années, les tourbières cachent des méandres où des truites vives comme des éclairs d'argent filent sous vos pas cotonneux. On a envie de s'arrêter partout, de prendre tout en photo! De plateau en plateau, vous remonterez le vallon pour atteindre quelques lacs secrets. Ces lacs, envahis peu à peu par la végétation, possèdent la beauté exquise des vieilles estampes japonaises. C'est un merveilleux endroit pour le pique-nique.
Puis vous atteindrez rapidement un col pour rejoindre le GR10 qui file dans la pinède à flancs de crête. De ci de là, le miroir couleur lagon du lac d'Orédon vous fera des clins d’œil, comme un appel à la baignade. Enfin, une courte mais forte descente en lacets dans la forêt achèvera au refuge d'Orédon (1850m) cette délicieuse journée.
Une variante est possible : si vous préférerez profiter d'une randonnée plus facile, vous pouvez suivre le GR10 rive gauche du lac. Une courte montée dans une dense hêtraie-sapinière vous mènera au col d'Estoudou (2260m). De là, vous atteindrez rapidement le refuge d'Orédon. C'est déjà l'arrivée. Puis, après avoir déposé votre sac à dos, vous pouvez choisir de rejoindre les Laquettes, en direction des lacs d'Aubert en aller-retour (voir description jour suivant).
Variante "courte" : vous avez la possibilité aujourd'hui de prendre la navette bus qui relie le lac d'Orédon (au bord duquel vous avez passé la nuit) au lac d'Aubert. Ceci vous permet de vous avancer d'une bonne heure de marche sur le parcours classique. La suite est commune.
Parcours classique : Vous partez pour une bonne journée de marche. Partez tôt, vous aurez ainsi le temps d'arriver à l'étape du soir sans presser le pas. Profitez, dans le calme et la quiétude silencieuse de l'aube, des Laquettes, merveilleuses zones de lacs et de tourbières enchâssées dans les raillères de granite, et de la présence apaisante des lacs d'Aubert et d'Aumar!Puis ce sera la lente montée vers la hourquette d'Aubert (2498m), dans le long chaos de granite, puis la sente qui biffe, comme une longue et fine cicatrice, le flanc sud du Pic dets Coubous (2647m). Depuis la Hourquette, la vue est exceptionnelle : au sud, à vos pieds, les lacs d'Aumar et d'Aubert, les Laquettes, le Pic de Néouvielle et ses arêtes affûtées, et au loin, flamboyant au soleil de l'après-midi, les Pics des Gourgs Blancs (3129m), puis à l'horizon, semblant flotter dans l'air confus, l'Aneto et ses 3404m.
Vers le nord, le paysage est plus minéral, et seul le lac d'Estagnol apporte une touche de douceur. Le sentier de descente poursuit sa biffure avant de remonter vers un passage masqué permettant d'accéder à la dernière partie du parcours de la journée. Le sentier sinue tranquillement dans le moutonnement des affleurements rocheux. L'atmosphère est paisible, parmi les rhododendrons et la pelouse rase. Après avoir croisé le lac de Mounicot, vous trouverez à vos pieds le lac de la Glère. Le refuge est au-dessus... Il vous faudra encore gravir une dernière pente... mais la vue, depuis la terrasse du refuge (2153m), vers le le Pic de la Coume de l'Ours (2855m), le Turon de Néouvielle (3035m), le Pic des Trois Conseillers (3039m), ou les crêtes de l'Espade est époustouflante.
C'est le retour à la civilisation, au monde d'en bas. Et ce retour se fera peut-être à regret. Ce n'est alors pas un hasard si la descente débute par une montée. Comme un refus d'accepter l'inéluctable. Comme un instant volé afin de retarder la fin du périple. Comme une impossibilité de quitter les montagnes. Alors votre regard volera vers les sommets, à gauche, à droite. Et ce sera la dernière photo du dernier lac, celui de Coume Escure puis, à la bifurcation qui vous amènera une prochaine fois, bientôt qui sait, vers d'autres lacs et le sommet du Turon de Néouvielle, vous glisserez à regrets dans le vallon de Bolou. Vous comprendrez alors que vous quittez ce monde merveilleux du Néouvielle, puisqu'au-bas, vous devinerez déjà la vallée de Luz-Saint-Sauveur.
Mais le ruisseau de Bolou, grâce à son chant limpide et joyeux, saura vous consoler. Et si vous l'écoutez bien, vous entendrez qu'il vous invite à revenir, qu'il vous parle d'autres lacs, d'autres cols, d'autres sommets. Plus bas, vous croiserez la fenêtre de surveillance des conduites d'eau, allusion visible au vaste monde souterrain de l'univers hydroélectrique. Le vallon s'élargit peu à peu, couvert de rhododendrons, de myrtilliers. Et quelques arbres piquent la monotonie du paysage. Arrivé à la cabane de Sardiche, vous trouverez enfin un peu d'ombre.
Puis, vous traverserez le torrent pour filer rive droite, pénétrant dans le monde ancestral du pastoralisme : prairies de fauche, granges foraines, rigoles d'arrosage des prairies. Soudain, le village de Luz-Saint-Sauveur apparaîtra au détour du sentier, à travers les bosquets de feuillus. Vous emprunterez alors les chemins thermaux, aménagés dès le 18ème siècle, qui vous mèneront au vallon de Lumière. Enfin, après quelques lacets dans les fortes pentes plantées de puissants hêtres, vous apercevrez sous vos pieds le village de Barèges.
Court transfert, pour un dîner dans un restaurant savoureux, magnifiant les produits locaux. Et une nuit dans un hôtel qui n'en a que le nom, tant les chambres semblent plutôt être celles d'une maison de vacances au charme et au confort inouïs !
Faîtes de beaux rêves, même si vous venez d'en vivre un des plus beaux !
Après le petit-déjeuner, transfert à la gare de Lourdes (ou ailleurs selon cconvenance établie).