Après un transfert de Lourdes à Gavarnie, vous entrerez de plain-pied dans l'univers de la montagne. Le vert des prairies, le vert des feuillus, celui des résineux, tous ces verts s'unissent au bleu profond du ciel d'été, pour créer une palette de couleurs joyeuses et vives. Et si je vous dis que la toile de fond de cette réjouissance picturale est le cirque de Gavarnie, vos pieds s'envoleront sur les sentiers bordées de prairies de fauche, de forêts bruissant de vie animale, en direction du plateau Bellevue.
Il porte bien son nom, puisque la vue sur le cirque est ici spectaculaire! C'est également le début du monde agro-pastoral des estives (les alpages pyrénéens). Vaches, brebis, marmottes, flore de montagne égaieront vos yeux déjà conquis!
Puis, insensiblement, le monde des prairies laissera place à l'univers minéral. Roches erratiques, dalles calcaires, marmottes curieuses, quelques névés, peut-être, oubliés par l'hiver, fleurs aux teintes colorées qui tranchent avec l'aspect terne de la roche, seront autant d'indices que vous entrez dans le monde si particulier de la haute montagne.
Enfin, ce sera l'arrivée au refuge de la brèche de Roland (2807m). Vos yeux ne croiront pas ce qu'il voit : le refuge, posé délicatement sur une épaule rocheuse, la partie supérieure du cirque de Gavarnie, la grande cascade qui bondit dans le vide silencieux, et surtout, surtout, la brèche de Roland!
Variante facile : une variante peut se faire avec un transfert jusqu'au col des Tentes, vous permettant de gagner trois heures de marche.
La montée pour la brèche sera soutenue. Évidemment. Vous partez à froid et ça monte tout de suite. Mais aujourd'hui vous serez accompagnés par un guide-accompagnateur qui vous permettra de voler au-dessus des montagnes! Et la brèche, qui semblait si haut, si loin, sera bientôt à portée de main! Enfin, vous y serez! A 2807 mètres, entre la France et l'Espagne, la brèche semble être une porte spatio-temporelle, comme dans les films de science-fiction, tant elle fait le lien entre deux mondes si différents d'aspect . Mais tout ce que vos sens capturent est bien réel!
Et la vue porte si loin! Après avoir admiré un dernier instant vers le nord, la France que vous quittez pour quelques jours, vos yeux voleront vers le sud, légèrement à l'est, vers le moutonnement des chaînes mineures, qui semblent flotter dans l'air légèrement confus de la chaude matinée.
Puis ce sera la lente descente vers le plateau de Millaris, dans les coulées de caillasses écrasées par les glaciers maintenant disparus, dans ce monde en apparence mort mais où s'égaient marmottes, surmulots, hermines, isards, lézards des Pyrénées et autres oiseaux d'altitude.
Vous passerez non loin de la grotte glacée Norbert Casteret, pionnier de la spéléologie française. Puis ce sera le lent cheminement dans les plateaux d'altitude aux faux airs de steppes nordiques. La vie végétale est ici bien sûr présente, mais discrète, recueillie, intimiste (gentianes printanières, hélianthèmes, serpolets), et c'est difficile de l'observer, car la tête est souvent dressée, relevée vers tous les sommets qui bordent, entourent, protègent le cheminement du marcheur émerveillé : pico Anonimo, pico del Descargador, pico de Millaris, la Torre, le Tobacor, mais également et surtout, le Monte Perdido (le Mont Perdu, plus haut sommet calcaire d'Europe, culminant à 3355m).
Depuis le refuge de Goriz (2200m), vous pourrez observer les gens qui descendent après son ascension. Mais déjà, votre regard et votre esprit seront tournés vers le lendemain, le fameux canyon d'Ordesa.
PS : pour les très bons marcheurs, une variante emprunte la fameuse vire des fleurs. Ce passage naturel dans les hautes parois du canyon d'Ordesa court sur 3,7 km au plus près du vide. Sensations (et sécurité!) assurées!
C'est bien simple : vous allez passer une partie de la journée à admirer le canyon d'Ordesa, cette merveille de la géologie! Il ne peut en être autrement. Imaginez! Un géant, de son index tranchant, aura gravé jadis la montagne, dessinant un immense et profond "l" dans la masse rocheuse. Dans ce "l" coule maintenant le rio Arasas, qui décore les parois rocheuses de cascades éblouissantes, et s'étale en queue de cheval (Cola de caballo) et vasques d'eau émeraude. Sur les flancs abrupts du canyon, des forêts de feuillus, de résineux tentent de s'élever avec pugnacité dans ce magnifique exemple de vallée en auge.
Puis, au niveau du Collado Gordo (2188m), vous quitterez peut-être à regret le canyon d'Ordesa. Mais déjà, non loin, apparaîtront les bords frangés d'un autre canyon fameux, le canyon d'Anisclo. Vous le longerez et pourrez ressentir sa puissante présence en contournant, par l'est, un petit sommet, la Estiva (2004m).
Enfin, parmi les dalles calcaires, les premiers arbres depuis deux jours, les ajoncs, le serpolet aux senteurs enchanteresses, vous découvrirez peu à peu l'antique et magnifique village de Nerin. Vous saurez que vous entrez dans un autre monde, celui du piémont aragonais, aussi vieux que les pierres sèches qui bordent les sentiers et qui ont érigées, il y a longtemps, maisons et ermitages d'une délicate beauté.
Cette journée de marche marque le début de la longue traversée des plis de l'étoffe de l'Aragon du nord, du Sobrarbe. En effet, la morphologie montagneuse est une alternance de crêtes et de vallons plus ou moins profonds sur une centaine de kilomètres, qui fait penser aux plissements d'un tissu.
Après avoir quitté Nerin, le sentier longe la montagne à travers les terrasses agricoles maintenant délaissées. La forêt de chênes rouvres et de chênes verts verdit peu à peu les flancs asséchés. Au village de Sercué, vous pourrez admirer la petite église romane, et les maisons peu à peu abandonnées dans les années 60, en voie de réhabilitation actuellement. Comme en écho à ce vieux monde religieux qui anima puissamment ces contrées, depuis les premiers chrétiens venus d'Orient, jusqu'aux nombreux pèlerins jacquaires, le GR vous mènera à l'ermitage de San Urbez (Au VIIIème siècle, le Saint homme y fonda une grotte-sanctuaire).
Puis vous emprunterez le pont de San Urbez, qui jette ses piliers taillées au-dessus d'un vide de 60 mètres, à l'entrée du canyon d'Anisclo. C'est le point bas de la journée.
Ensuite, ce sera la lente montée dans les chênes et parmi les vieilles pierres que foulèrent sabots des femmes, des hommes et des mulets durant des siècles. Enfin, après la laborieuse mais belle montée, vous surgirez au bord du plateau des villages de Vio et Buerba. Ici, l'empreinte humaine est encore fort visible (terrasses agricoles, bâtiments des éleveurs de brebis, maisons rénovées, auberges et hôtels), et la vue dans l'axe du canyon d'Anisclo au soleil couchant, inoubliable !
Cette journée vous paraîtra peut-être un peu étrange, car elle déroulera le fil de ses heures dans un monde qui n'est plus. C'est le monde du haut-Aragon de la première moitié du XXème siècle, qui a vu les communautés humaines partir, certaines de leur propre gré, parfois chassées par la misère, d'autres enfin attirées par les attraits de la modernité naissante dans le pays du bas. Ces mêmes communautés furent également évacuées par les militaires franquistes, qui supprimèrent ainsi des replis possibles pour les combattants républicains.
Ces causes diverses ont laissé place à des contrées abandonnées, à des villages aux rues anonymes, vides mais où raisonne encore le bruit d'une intense vie agricole qui traversait les chemins et champs en terrasse que la nature reprend. Les traces ténues d'une vie jadis présente s'offrent aux âmes sensibles. Cette journée vous plongera peut être dans un instant de méditation sur la méditation sur l'impermanence et la vanité humaines.
Ce peut être, enfin et tout simplement, un moment de calme et de quiétude dans des paysages d'une beauté primitive.
Un hébergement d'exception vous attend, un lieu que nous gardons confidentiel...
Direction le sud, toujours, pour enjamber aujourd'hui le Rio Ara, généreuse rivière sur les rives de laquelle fut établie Ainsa, principale municipalité du Sobrarbe. Instant de répit entre le relief pyrénéen et celui à venir de la Sierra de Guara.
Le Rio Ara prend sa source au pied du Vignemale, le plus haut sommet des Pyrénées françaises, avec 3298m. d'altitude.
De portions rapides en vasques aux eaux alanguies, une partie de votre journée se déroulera à longer et admirer le rio Ara. Dans la forêt de résineux, vous profiterez de la fraîcheur de ses eaux de montagne.
A Boltana, petit village niché sur les bord du rio, le petit château (XIème siècle), en voie de réhabilitation, vous parlera de l'histoire des guerres entre Aragonais et musulmans, quand la péninsule abritait encore la civilisation maure. Puis ce sera l'arrivé à Sieste, aux vues panoramiques remarquables (Mont Perdu, Peña Montañesa et ses 2295m, Mont Tourbon et ses 2492m) .
Court transfert. Puis baignade matinale? Pourquoi pas! Le sentier sinue le long d'un affluent du rio Ara. Ici, les eaux sont chaudes et translucides, et des vasques feront des clins d’œil à votre volonté déclinante de marcher sans relâche. Au sortir de cette petite vallée secrète, à l'altitude de 1000 mètres se trouve le hameau de Morcat, autre exemple de village abandonné. La vue alentours est stupéfiante, et le sentiment de solitude peut trouver ici une représentation presque pure. La vue sur le Sobrarbe, sur Ordesa et le massif du Mont-Perdu, la Montañesa... est sublime !
Puis, le sentier file sur le plis de crêtes de l'étoffe froissée que forme le piémont de l'Ainsa-Sobrarbe. La vue porte loin, dans l'espace et le temps. Et la présence maure sera presque palpable, et les pas lents et patients des pèlerins jacquaires résonneront au rythme des vôtres.
De ci de là, une piste ravaudée, un champ cultivé témoigneront de la pugnacité humaine dans ses terres arides et difficiles.
Ou à la baignade, finalement, puisque la piscine de l'hôtel vous attend à Arcusa!
Le voyage dans le temps s'approche des débuts de l'Humanité à Paules de Sarsa, puisque deux dolmens, dont celui de la Capilleta, sont les témoins émouvants des efforts balbutiants de l'Humanité, pour répondre aux angoisses face au grand mystère de la mort.
L'esprit occupé peut-être à des réflexions d'ordre métaphysique, vous continuerez votre déambulation débutée à Arcusa, dans la large vallée dédiée à l'activité agricole, puis vos pas s'élèveront sur d'autres plis de l'étoffe aragonaise, entre garrigues, sous-bois de buis, de chênes verts et panoramas époustouflants.
A Betorz, vous commencerez à apercevoir les bords de l'étoffe que vous parcourez depuis de nombreux jours, au-delà du moutonnement aride des collines et des vallons.
Enfin, ce sera la lente descente vers le village de Lecina. Pourquoi s'offrir un aller-retour jusqu'à un splendide belvédère où une première grotte perchée au-dessus d'un affluent du Rio Vero, vous révèlera les peintures préhistoriques du Néolithique.
Un court transfert vous ramènera à l'hôtel d'Arcusa (et sa piscine!).
Après un transfert pour venir à nouveau à Lecina, une visite au chêne millénaire est de mise. Élu "Arbre européen" de l'année 2021, il impose la majesté de sa puissance silencieuse.
Puis, vous comprendrez pourquoi les paysages de la sierra de Guara hantent les esprits des amoureux de paysages spectaculaires. A la naissance du fameux rio Vero, sortent de terre de grandes falaises grises et ocre aux verticales impeccables, qui attestent du lent mais inexorable travail de sape de l'eau depuis des millénaires. Les panoramas sont grandioses, époustouflants, d'une évidence émouvante.
Puis vous vous glisserez dans cette immense faille du rio Vero pour une expérience inoubliable! Tout est magnifique, insolite, fantastique!
Ensuite, le sentier quitte le rio Vero et monte sur le plateau pendant quelques kilomètres, l'occasion de prendre du recul pour appréhender cette merveille de la nature. Puis vous descendrez à nouveau dans la faille. Si votre curiosité n'est pas rassasiée, faites un détour pour les abris néolithiques de Mallata (Aller-retour), où des peintures rupestres se devinent à travers les barreaux métalliques. Ensuite encore, vous pourrez aller admirer la cueva de la fuente de la truxa, et ses peintures rupestres également admirables.
Au pont de Villacantal, vous retrouverez les eaux glacées du Vero. Enfin, une montée rude (mais l'étourdissement provoqué par les chocs esthétiques successifs vous anesthésiera!) vous amènera aux portes d'Alquezar, magnifique citadelle de pierre, fondée par les musulmans au IXème siècle.
Préparez-vous, cette journée sera magique, inoubliable!
Voici le jour du retour! En vous se mêleront peut-être des sentiments contradictoires. La joie de rentrer, pour vous reposer, retrouver votre confort et vos habitudes. Mais le cœur un peu gros, de quitter des paysages aussi beaux, des lieux chargés de tant de vie, et laisser derrière vous des femmes et des hommes qui vous auront accueillis avec tant de simplicité et de chaleur.
Alors, encore quelques heures dans ce magnifique Aragon, à laisser s'étirer le temps, d'abord au village d'Adahuesca, pour aller visiter la fromagerie ; puis à un autre village réputé celui-là pour son moulin d'huile d'olive, pour faire le plein de ce délicieux nectar.
Puis ce sera le transfert pour la gare de Lourdes (3h30).
Option nuit et randonnée supplémentaire autour d'Alquezar : si, décidément, vous n'arrivez pas à partir, une nuit supplémentaire à Alquezar est possible pour, le lendemain, continuer votre périple avec une boucle par Quizans et la grotte de Chimichas -et son remarquable cerf représenté par une peinture rupestre- et/ou pour réaliser la boucle des passerelles dans le fond du Rio Vero.